Honte sur vous, habitants de Mekhnès !
vous croyant hommes vertueux, ma demeure était sous votre protection.
Ma confiance dans les hommes, voilà la cause de ma ruine.
çiyàh :
J'ai tant enduré depuis la séparation d'avec les miens qu'on m'a traité de fou, à cause de mes plaintes incessantes.
C'est pour moi une certitude, ô mon frère germain, que rien ne me consolera d'être séparé de mes frères par ma mère.
Si ma joie était visible, ma tristesse était enfouie.
Ma bouche riait mais les ténèbres remplissaient mon cœur;
j'étais patient avec mes ennemis, je dissimulais mes malheurs, et, tel un nageur dans la mer, je relâchai mes membres pour affronter les impolis.
bayt :
C'est ainsi que j'ai enduré les revers de la vie.
Mes forces déclinèrent, mon silence grandit, je devins muet.
J'étais incapable de me réconcilier, de me battre, tant j'étais, en ce monde éphémère, obsédé par mon malheur.
Celui qui m'aime me range parmi les êtres bien nés, et qui me déteste n'adorera que mon insulteur.
J'ai choisi de faire de cette histoire un poème symbole, composé sur un parchemin, à l'aide d'une écriture étrangère, loin de toutes harmonies comme le serait une belle citadine de Fès enlaçant un gnaoui grossier